Quand ai-je commencé à écrire ? A écrire vraiment, je veux dire, plus que les journaux intimes qui m'avaient suivie depuis l'âge de quinze ans. Mon premier poème : après la mort d'un ami écrasé contre un arbre en voiture, aux environs de Maputo, Mozambique, en 1985. Et ma première nouvelle : après le suicide d'une amie, à Paris, en 1986. Pourquoi la mort ? Désir de prolonger ce qui s'était arrêté si brutalement, de redonner humblement vie à ceux qui auraient dû en profiter beaucoup plus longtemps ? Je me souviens encore de ma conscience du travail de passage, alors, de l'écrit intime et personnel à la distanciation littéraire. Et depuis... Quelques poèmes, pas mal de nouvelles, un livret d'opéra, jusqu'en 1999 où, racontant à un ami le sujet de ma dernière nouvelle, il me dit : « Il y a de quoi en faire un roman... » Un roman, moi ? Non non, pas mon style, la forme, la longueur... Et pourtant. L'idée a fait son chemin, et j'ai commencé à transformer ma nouvelle en roman. Cinq autres ont suivi. Un tardif remerciement à Henning.
A part ça ? Etudes de musicologie, mémoire de maîtrise en 90 sur le symbolisme dans Turandot de Puccini — le symbolisme musical, question toujours passionnante... Ah, si l'on avait deux vies.
Et surtout : la raison pour laquelle j'ai jugé nécessaire de surcharger le Net d'encore un site sans doute superflu. L'envie de partager mes lectures avec d'autres, de créer une sorte de forum où l'on puisse discuter de littérature (française seulement, hélas, ou en traduction. Je limite volontairement les occasions de chaos linguistiques dans ma tête, déjà par trop fréquentes.). Lecture et écriture sont des activités solitaires, plus encore lorsqu'on vit, comme moi, à mille kilomètres des cercles littéraires français. Bienvenue sur ce site, donc, en espérant que cet essai aboutira à établir un contact entre personnes aussi passionnées par la littérature en français que moi-même, où qu'elles se trouvent de par le monde.
Christine Canals-Frau